Xavier Thoby, responsable des agences Internep et Ouest Info à Caen et correspondant TF1 en Normandie depuis 18 ans, est intervenu vendredi 28 janvier au Dôme, dans la cadre d’un Campus Sandwich, afin de donner des conseils pour gérer sereinement l’interview télévisée.
Avec son équipe, composée de 6 personnes, il réalise environ 30 sujets par mois. Sur ces 30 sujets, 50% sont donnés par TF1 et les 50% restant sont définis en interne.
Il a débuté sa prise de parole en précisant que « répondre à une interview, ce n’est pas un exercice simple : c’est stressant, compliqué. Contrairement à la radio, où on ne voit pas notre visage, il est très difficile de passer à la télévision car toutes les expressions du visage peuvent être décodées. »
- Faut-il préparer son interview en amont ?
Pour commencer, on notera que le non-verbal a toute son importance. En effet, les expressions du visage et le ton de la voix sont des éléments très importants.
Le deuxième point qu’a abordé Xavier Thoby, est qu’ « il faut préparer son interview, mais sans prise de note. Quand on récite ce qu’on a écrit, l’information ne passe pas. Cependant, on peut réfléchir à ce qu’on va dire et à ce qu’on souhaite ne pas dire.»
« Préparer ne veut pas dire apprendre par cœur ! « En effet, ça ne passera pas non plus : il ne se passera rien ni dans la voix ni dans le visage. En revanche, il est recommandé d’avoir des objectifs, des idées et des mots clés. »
Xavier Thoby ajoute que si on se trouve dans une situation de crise, il faut y être préparé. « Un journaliste n’est pas un communicant. » Le journaliste peut avoir des questions qui dérangent, qui sont parfois hostiles.
Petit conseil : préparer peut aussi vouloir dire : préparer avec des personnes de son service au sein d’une entreprise, en imaginant les questions que le journaliste pourrait vous poser, sous forme de jeu de rôles.
2. Eliminer le jargon pendant son interview
Il est essentiel d’éliminer tous les termes trop techniques qui ne seront pas accessibles par le plus grand nombre, sauf si on s’adresse à une presse spécialisée. Il faut simplifier au maximum ce que l’on veut dire et utiliser des éléments concrets pour illustrer ses propos. Les spectateurs des chaînes généralistes ne sont pas des spécialistes, si le langage est trop technique, l’interview sera donc« polluée ».
3. Garder en tête ses messages
« Une fois l’interview préparée on va avoir envie de délivrer certaines informations, et pas d’autres. » Or, le journaliste est là, lui, pour avoir toutes les informations.
Le propos, le message, et les informations devront être condensées, mais l’argumentaire doit être développé.
Il faut avoir à l’esprit que le journaliste ne nous donnera pas forcément l’opportunité, via ses questions, de nous laisser aborder les sujets qui nous tiennent à cœur. Il faut donc trouver le moment opportun pour placer son message : à la suite logique d’une réponse par exemple.
4. Une interview, ce n’est pas un interrogatoire
On a le droit de ne pas avoir la réponse, ou tout simplement ne pas avoir envie de répondre à la question. Il ne faut pas broder la question. Attention cependant, devant une caméra, le « je ne souhaite pas répondre à la question » pourra être utilisé.
On peut aussi parfois ne pas pouvoir répondre à la question parce que cela concerne le secret professionnel, « là encore lors de l’interview, vous pouvez le dire au journaliste », confirme Xavier Thoby.
5. Soyez bref
Le point capital dans une interview : contrairement à l’écrit c’est qu’à la télé pour un média généraliste, un sujet dure entre une et deux minutes. On retrouve généralement 3 interviewés dans ce laps de temps : « il vous reste donc environ 15 secondes par question, ce qui est très peu, il faut donc être bref. » Les réponses trop longues vont obliger le journaliste à effectuer un important travail de concision.
Xavier Thoby prodigue un conseil face à cette situation : “s’il y a un point sur lequel vous avez vraiment envie de communiquer, il sera donc judicieux de faire une réponse de 15 secondes.”
6. Rester détendu et vigilant !
« Soyez devant la caméra comme vous êtes au quotidien : c’est fondamental ». En étant détendu, on passe très bien à l’image. La qualité d’information est supérieure, par le débit de parole, les expressions du visage, etc…
Il faut rester vigilant : une fois l’interview terminée, le journaliste peut encore utiliser vos propos. A partir du moment où la caméra et le journaliste sont là, faite attention !
S’en est suivi de nombreux échanges avec la quarantaine de participants dont certaines questions portaient sur :
- Donner les questions avant biaise-t-il l’interview ?
- A-t-on le droit de faire plusieurs prises ?
Xavier Thoby a terminé ce Campus Sandwich en précisant que « Le rôle d’un journaliste avant tout est de témoigner de la manière la plus objective possible ».
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