Ce mardi 15 octobre, Pierre Desaint, le nouveau directeur de France Bleu Normandie (Seine-Maritime et Eure) est venu pour un entretien matinal avec plus d’une vingtaine d’adhérents du Club, afin de se présenter et évoquer les changements au sein de l’antenne depuis son arrivée fin juin dernier, à la succession de Bruno Leroy. Deux semaines 1/2 après l’incendie de l’usine Lubrizol, impossible de ne pas évoquer le sujet et toutes les conséquences que cela a eu sur la station. Cet entretien a été mené et présenté par nos services civiques, Yaëlle et Adam.
Avant de nous intéresser à Lubrizol, qui fera l’objet d’un traitement plus approfondi et à part dans notre sujet, au vu de son importance durant la rencontre, il a été question de la station France Bleu de manière plus générale.
L’entretien a débuté par une question sur les chiffres d’audience, délivrés par Médiamétrie, pour la saison 2018-2019 (septembre 2018 – juin 2019). Ces derniers placent France Bleu (ex-)Haute-Normandie en deuxième position des radios de la région (avec une moyenne de 213 600 auditeurs par jours). Pierre Desaint, ravi de ces chiffres, a néanmoins précisé que la station ne doit pas se reposer sur ses lauriers, quelques ajustements sont effectués pour permettre à celle-ci d’évoluer et de toucher encore plus ses auditeurs, tout en fidélisant de nouveaux, rappelant au passage que leur cible principale était les 50 ans et plus. Les concurrents comme RTL et Europe 1 ont également le même intérêt en termes de tranche d’âge, celle-ci représente la part la plus importante de personnes écoutant la radio. Il a conclu en revenant sur son passage en tant que directeur des programmes de France Bleu Rouen, durant lequel les taux d’audience avaient atteint des sommets et leur avaient valu la place de numéro un pendant deux saisons.
Au vu de la loi sur l’audiovisuel qui a été mise en place récemment par le ministre de la Culture, Franck Riester, une question de la part de Yaëlle a été posée à propos du rapprochement entre France Bleu et France TV. Pierre Desaint a pu revenir sur la mise en place prochaine d’une matinale filmée – déjà en place à Nice, Toulouse, Lille et Guéret.
En ce qui concerne les podcasts, de plus en plus popularisés auprès de la population, le nouveau directeur de France Bleu Normandie Rouen a clairement expliqué que la radio avait déjà adopté ce nouveau mode de consommation de l’information, que ce soit des rediffusions d’interview ou à travers des contenus non diffusés à l’antenne mais accessibles sur leur site, sur des thèmes comme la santé ou le sport.
France Bleu Rouen et la gestion médiatique de Lubrizol
Puis, sujet incontournable du moment, Lubrizol a occupé la moitié de l’entretien. Suite au visionnage d’une vidéo synthétisant le travail des journalistes autour de cet incendie, le nouveau directeur de France Bleu Normandie est revenu sur la gestion de l’événement.
Le journaliste matinalier, rejoignant la station à 3h du matin, a été témoin du début de l’incendie. A ce moment, difficile d’identifier le feu comme partant de l’usine Lubrizol, classée Seveso. Arrivé dans les locaux, une prise de contact avec la police et les pompiers a permis d’identifier le lieu du sinistre et d’envisager les risques possibles. Le départ des démarches d’investigation avec d’autres collaborateurs a permis de faire un premier état des lieux de la situation et de nourrir les recherches.
Pierre Desaint a été contacté à 5h du matin. A partir de ce moment, avec l’ensemble de l’équipe présente soit une douzaine de personnes (les autres ayant été invités à rester chez eux), une décision commune sera prise pour la mise en place d’une édition spéciale, sur la journée. France Bleu ouvre l’antenne à 5h30 pour cette journée du 26 septembre couvrant le site, alimentant tout au long de la journée l’actualité grâce aux équipes sur place, mais aussi par le biais de témoignages d’habitants.
À ce jour, seule l’audience de la partie digitale a pu être examinée par Pierre Desaint, et elle est assez phénoménale : depuis le 26 septembre (jour de départ de l’incendie) jusqu’à plus de 300 000 consultations sur les articles traitant de cette actualité. Et sur la page Facebook de France Bleu, sur les 4 premiers jours (26 au 30 septembre) plus de 1000 nouveaux abonnés par jour ont pu être recensés.
En situation de gestion de crise, France Bleu n’a pas été préservée de l’emballement médiatique général, causé par les interrogations autour de cet incendie. Le risque de diffusion de fake news notamment, peut créer une confusion entre les différentes sources d’information (avec l’AFP par exemple). Ce qui nécessite une certaine prudence certes, mais aucun média n’est à l’abri de l’erreur (autre exemple récent avec le chaos médiatique engendrée par l’arrestation d’un homme suspecté d’être Xavier Dupont-De Ligonnès).
L’agitation provoquée par le panache de fumées provenant de l’usine a considérablement perturbé la population, dont font aussi partie les équipes de France Bleu, très sollicitées dès le départ par les riverains, mais aussi nombres de médias nationaux. Il existe des différences de traitement entre média national et média régional, mais ils peuvent nourrir des relations confraternelles, en s’associant au profit du relais de l’information. Pour autant, dans les grande maison Radio France les équipes de France Bleu à Rouen ont dû couvrir quasi à elles seules l’incident, face au décès de Jacques Chirac (annoncé le 26 septembre à 11h58), actualité priorisée dans la plupart des médias. Les problèmes liés à la disponibilité des journalistes sont aussi des difficultés importantes : les impacts de l’incendie se caractérisant par leur durée, maintenir plus d’un journaliste sur ce sujet reste encore difficile.
Auparavant, Pierre Desaint, alors qu’il était encore directeur de France Bleu Normandie à Caen, a pu bénéficier d’une formation de gestion de l’antenne en cas de crise grâce à des retours d’expériences antérieures (les attentats de Nice et de Strasbourg notamment). Cette formation a permis une adaptation des programmes de la radio, pour se concentrer exclusivement sur les impacts de l’incendie. Cette gestion au jour le jour a pu assurer la mission de service public et de proximité à laquelle s’engage la radio.
De nombreuses questions ont pu être posées par les adhérents présents, jeu auquel s’est prêté volontiers Pierre Desaint. Merci à lui pour sa disponibilité.
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