Le Club a, organisé, à la Médiathèque des 7 lieux de Bayeux, ce mardi 3 mai à l’occasion de la Journée Internationale de la Liberté de la Presse, une journée dédiée à ce droit fondamental. Au programme, des ateliers thématiques et une conférence débat le soir.
Durant toute la journée, un espace à la médiathèque était dédié à des stands :
- SPIIL : Max Boire était présent pour le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne, une organisation professionnelle française créée en octobre 2009 afin de défendre les intérêts professionnels des éditeurs de presse en ligne indépendants. www.spiil.org
- SNJ : le Syndicat national des journalistes, fondé en 1918, est une organisation syndicale professionnelle française syndiquant exclusivement les journalistes professionnels et était représenté par Raphaël Tual et Anne Bouchet. www.snj.fr
- Amnesty International : trois représentants d’Amnesty International, dont Emmanuel Deschrevel, responsable du groupe de Caen, étaient au rendez-vous pour en dire plus sur cette organisation non gouvernementale internationale qui promeut la défense des droits de l’Homme et le respect de la Déclaration universelle des droits de l’Homme . www.amnesty.fr
- La librairie Metropolis : Alexandre Giard tenait un stand pour sa librairie installée à Bayeux, et a proposé toute une sélection de documents sur le journalisme et la presse indépendante. librairie-metropolis.fr
- 1formez-vous : créé par le Club de la Presse et de la Communication de Normandie et avec le soutien de la Région Normandie, 1formez-vous est un site dédié à l’éducation aux médias et à l’information en Normandie à destination des professeurs, des responsables associatifs, des élus, des collégiens, lycéens et étudiants ou des demandeurs d’emploi. Aurélie Remond, déléguée générale du Club, en assurait la présentation. 1formez-vous.fr
Atelier “Fake news” – 1formezvous
L’après-midi a débuté à 14h par un atelier « Décryptage des fake-news sur les réseaux sociaux » animé par Morgann Mignot et Quentin dos Santos, volontaires en service civique au Club. Pour introduire l’animation, la définition d’une fake news (ou infox) a été évoquée. Par la suite, l’animation a été divisée en trois parties correspondant à trois évènements durant lesquels beaucoup de fausses informations ont pu circuler sur les réseaux sociaux : la pandémie de Covid-19, le confit en Ukraine ainsi que l’élection présidentielle française de 2022. Pour chacun de ses événements, plusieurs informations extraites de divers réseaux sociaux étaient montrées, le public de collégiens devait alors déterminer si ces informations étaient vraies ou fausses.
Par la suite, les animateurs ont donné diverses pistes aux collégiens pour déterminer d’eux même la véracité d’une information qu’ils trouveraient sur Internet. Les bons réflexes à avoir sont notamment de croiser ses sources et vérifier la fiabilité de chacune d’entre elles.
A suivi une discussion libre entre le public et les deux intervenants. La notion de la liberté de la presse a été évoquée, notamment avec comme support le classement mondiale de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse (paru le jour même), qui a permis un argumentaire, un bilan et une comparaison entre pays.
Atelier “Qu’est-ce que l’information journalistique et les blogs d’information “sensationnels” ou les contenus d’influenceurs ?”
A 16h30, ce sont des lycéens qui avaient rendez-vous avec Raphaël Tual, adhérent du Club, journaliste et rédacteur en chef adjoint d’Enquête d’actu, et Michel Murlin, ancien journaliste et administrateur du Club. Pour faire connaissance, ils ont d’abord questionné sur les habitudes des élèves de la salle concernant leur consommation d’information. Les plateformes d’information privilégiées par les jeunes pour s’informer sont les réseaux sociaux, suivies par la télévision (BFM, Franceinfo…), la presse papier étant assez peu lue par ce public de lycéens.
La conférence s’est ensuite axée sur la notion de ligne éditoriale. Comme l’explique Raphael Tual et Michel Murlin, aucun journaliste ne peut être totalement neutre et objectif, toutefois il a le devoir de suivre la ligne éditoriale de la structure dans laquelle il travaille (on n’écrit pas de la même manière sur un sujet si l’on travaille pour le Figaro ou l’Humanité).
Ensuite, le sujet de la recoupe d’information a été abordé. Recouper une information, comme le précise Raphael Tual, ce n’est pas se limiter à ce que l’on entend. Il faut investiguer, aller sur place pour enquêter, interroger… C’est une obligation de rigueur journalistique. Recouper l’information permet de s’approcher de la vérité d’un évènement, sans jamais l’atteindre totalement. Dans cette action de recoupe, il y’a notamment le fact-checking, qui prend de l’importance, si bien que certains médias (Le Monde, AFP) ont leur propre service de vérification de faits.
Le principe de hiérarchisation de l’information a ensuite été évoqué, avec un exemple criant, l’écart de traitement entre les journaux régionaux et nationaux concernant l’incendie de Lubrizol à Rouen. Comme l’explique Raphaël Tual, le matin, les journaux régionaux et nationaux étaient tous présents pour couvrir l’événement. Toutefois, la même journée, l’annonce de la mort de l’ancien président Jacques Chirac a fait quasiment déserter tout les journalistes nationaux du territoire rouennais.
L’intervention s’est terminée par un jeu auquel les lycéens ont pu participer. Des informations étaient présentées sous forme d’une image accompagnée d’une légende, l’idée étant de savoir prouver que l’information est fausse. Cela était visible parfois sur l’image, ou de manière plus subtile, avec des indices dans la légende.
Conférence débat “À quoi servent encore les journalistes ?”
À la suite de ces ateliers, une conférence débat ouverte au grand public a eu lieu en soirée. Animée par Michel Murlin en présence de Raphaël Tual et Xavier Thoby, également adhérent, responsable de l’agence presse Internep et journaliste local, entre autres pour TF1. Cette conférence a abordé plusieurs sujets de société autour d’une même problématique « À quoi servent encore les journalistes ? ». Débutant cette entrevue par l’intervention enregistrée de Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, le débat a traité ensuite des faits nationaux : les Gilets jaunes, l’absence de crédibilité des journalistes, les dockers, la place de la presse de nos jours, Lubrizol…
Richard Malka a évoqué le “rôle du journaliste qui est avant tout un médiateur qui doit être neutre et de bonne foi”. Il souligne également “l’absence de crédibilité envers les professionnels des médias et de la gratuité de la mise à disposition des informations” qui à selon lui” tout ravagé de nos jours.” “La liberté d’expression c’est heurter, choquer” explique l’avocat, il en conclut par dire que “cette fonction est un rouage essentiel pour la préservation de la liberté”.
Enchaînant sur l’avis des deux journalistes présents, Raphaël Tual ajoute “devoir rebâtir un modèle sur l’économie de la presse pour continuer et accorder plus d’importance à celle-ci.” Selon lui “être journaliste est une lutte permanente pour s’imposer.” Xavier Thoby affirme quant à lui qu’il est “plus facile d’être journaliste en temps de guerre qu’en temps de paix et que la communication est verrouillée dans toutes les strates de la société”. Ils ont ensuite tout deux échangé sur la difficulté à gérer le mouvement Gilets jaunes en tant que reporters. Le reportage du rédacteur en chef adjoint d’Enquête d’actu sur les dockers a été ensuite évoqué. Un sujet complexe, dangereux, raconté par celui-ci dans son reportage au risque de menaces et de pressions… “Être journaliste c’est donner la parole aux deux parties”, Xavier et Raphaël souhaitent “abolir le mythe de penser que tous les journalistes sont ceux que nous voyons à la télévision, qu’il y a une frontière entre éditorialiste et eux”. En conclusion, le débat s’est terminé par la place du dessin de presse, dont Raphaël Tual a précisé qu’“il sert à saisir l’instant présent et porter un message fort sur l’actualité, la satyre manquant à la presse.”
Retrouvez le replay de cette conférence sur notre chaîne YouTube
Revue de presse
28 avril – La Presse de la Manche : Bayeux. Conférence débat : De la liberté de la presse
2 mai – RCF Calvados : La liberté de la presse, l’indépendance menacée dans les rédactions locales | 3 questions à (Calvados-Manche)
2 mai – La Renaissance : Bayeux : la médiathèque accueille la journée de la liberté de la presse | La Renaissance le Bessin
3 mai – France Bleu (Calvados/Orne) : Interview de Raphaël Tual
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