Soutenus par de nombreux élus et sympathisants, les salariés du pôle Normand du Groupe Hersant Media (GHM) se sont retrouvés lors d’un grand meeting organisé dans les locaux de Paris-Normandie à Déville-lès-Rouen. Les personnels de la Société Normande de presse d’édition et d’impression (SNPEI), se sont réunis le 24 février dernier, pour défendre le navire amiral du groupe, Paris-Normandie, en dépôt de bilan. Une situation qui entraîne dans son sillage les autres titres du groupe : Le Havre Libre, Le Havre Presse et Le Progrès de Fécamp.
A la tribune, les syndicats se sont succédés pour dénoncer l’attitude d’abandon de leur actionnaire principal Philippe Hersant. « Nous n’accepterons pas d’être les sacrifiés de la dette », a scandé Benoît Marin-Curtoud, délégué SNJ à Paris-Normandie, lors de son intervention, faisant référence aux 200 M€ de dettes de GHM. Le délégué syndical qui a précisé : « Le pôle Normand a été sacrifié, ne bénéficiant pas de la modernisation de son appareil de production ».
Des délégués syndicaux plutôt satisfaits de la mobilisation autour du quotidien régional explique cet autre membre du SNJ : « On sent une mobilisation. Nous avons des contacts avec les élus. On sent qu’il se passe quelque chose autour du journal. C’est encourageant ».
Un soutien des élus matérialisé par une présence sur les lieux du meeting et un communiqué commun (signé par Alain Le Vern, Didier Marie, Jean-Louis Destans, Laurent Fabius et Valérie Fourneyron) dans lequel on peut notamment lire : « Nous ne pouvons laisser les journaux disparaître sur le seul autel de la Finance. Il en va non seulement de notre conception d’une société libre où l’information est un droit, mais aussi de 365 emplois aujourd’hui menacés et du dynamisme de notre territoire. La disparition de Paris-Normandie, du Havre Libre, du Havre Presse, de Liberté Dimanche et du Progrès de Fécamp, (…), ferait de la Seine-Maritime et de l’Eure les premiers départements de France sans presse régionale. Nous ne pouvons nous y résoudre »
Depuis plusieurs mois, GHM s’est rapproché du belge Rossel pour créer une holding commune regroupant les quotidiens français de chacun des deux groupes (La Voix du Nord, Nord Eclair et Le Courrier Picard pour Rossel et L’Union, L’Est Eclair, Libération Champagne, Nice-Matin, Var Matin et La Provence pour GHM) à l’exclusion du pôle Normand de GHM, Rossel exigeant sa restructuration avant d’intégrer le nouveau groupe.
Face au dépôt de bilan de Paris-Normandie, la direction de GHM explique cependant vouloir conserver les titres de la SNPEI : « Le pôle Normand à toujours vocation a rejoindre le nouvel ensemble. Nous nous mettons sous la protection du tribunal afin de pouvoir prendre des mesures ».
L’après dépôt de bilan
Si Benoît Marin-Curtoud regrette : « Que l’actionnaire principal Philippe Hersant ne soit pas venu négocier avec les syndicats et que la direction n’ait pas choisi le cadre de la négociation mais celui du tribunal de commerce », il explique que les salariés : « S’attendaient à une issue de cette nature même s’ils ont reçu un choc ». Mais, il précise que tous croient en la pérennité de la société : « C’est un cap. Nous allons avoir un interlocuteur responsable en la personne du mandataire nommé par le tribunal. Nous pensons qu’il existe des marges de développement pour l’entreprise mais aussi de sauvegarde de l’emploi ». Si le choc a été rude, les salariés restent mobilisés. Ainsi, un journaliste explique attendre un vrai projet : « Pour que vive la presse, l’argent ne suffit pas. Il faut une ambition, une ligne éditoriale claire, pouvoir creuser les sujets. Nous sommes tous motivés pour que les choses se passent le mieux possible. Bien sûr, ce qui arrive n’est pas un soulagement mais, il y a eu tellement d’effets d’annonces ces dernières années qu’au moins cette fois, on est face à quelque chose de concret ».
Fondé en 1944, sur les ruines du Journal de Rouen, Paris-Normandie est devenu l’un des fleurons de la presse régionale française dans les années 50 et 60. Par la suite, le rachat par Robert Hersant en 1972, ouvre une nouvelle période au cours de laquelle le journal voit sa diffusion payante reculer et passer de 166.000 exemplaires en 1972 à 52.600 en 2011.
Au cours des cinq dernières années, la diffusion totale de la SNPEI a perdu 26% pour s’établir à un peu moins de 76.000 exemplaires en 2011 (source OJD).
Le pôle Normand emploie 365 salariés (régie publicitaire comprise) et compte 108 journalistes, 118 ouvriers, 31 cadres et 45 employés. En 2011, le pôle Normand accuse une perte de 2 M€ pour un chiffre d’affaires de 40 M€.
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