Jean-Bernard Cazalets, chargé de mission auprès de l’ASPDH, était au Club ce jeudi midi, avec Karine Soyer, administratrice du Club. Devant une douzaine d’adhérents, il était venu présenter l’Association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste, qui gère entre autres Ouest France et Publihebdos. Un ovni dans le paysage médiatique français.
Sous ce format associatif, l’ASPDH représente par moins d’une centaine de titres, soit 3 800 salariés. Elle existe depuis 1990 mais cherche, seulement maintenant, à “sortir de la clandestinité”. Son mode de fonctionnement offrant une telle liberté aux journalistes qu’il est indispensable de le défendre. Sortir de la clandestinité est aussi une manière de s’opposer aux méthodes d’achat des milliardaires (Bolloré, Saadé…).
L’ASPDH a été créée en 1990, quand Robert Hersant cherchait à acheter Ouest France. La famille Hutin, alors propriétaire majoritaire du quotidien, refuse catégoriquement. Pour sauver le média, François Régis Hutin a alors l’idée de créer une association à but non lucratif, sous statut de loi 1901. Les actionnaires acceptent de revendre leur parts à l’association (sauf un qui perdra son procès quelques années plus tard). Depuis, de nombreux journaux ont été rachetés et l’association chapeaute plusieurs filiales dont Sipa-Ouest France, Publihebdos (Actu) et 20 minutes (à hauteur de 50% avec le groupe Rossel). Tous sont parmis les plus gros titres (papier et en ligne) de médias en France.
L’intérêt et l’avantage d’être géré par une association est de fournir une information de qualité en priorité. Au-delà de l’objectif de ne pas perdre d’argent, il s’agit surtout de ne pas financer un actionnariat. Certes, le modèle économique doit être viable, mais ici, l’indépendance financière est aussi vecteur de valeurs. L’association a deux rôles. Tout d’abord, elle contrôle économiquement et juridiquement. Puis, elle inspire l’éthique du groupe. Une charte a été élaborer afin” d’éclairer, informer et relier les citoyens pour faire progresser le bien commun dans le respect de la dignité de chacun.” Si l’association gagne de l’argent, elle seule décide quoi en faire : l’investir dans le journalisme, créer des événements (Le Prix de la démocratie pour le plus récent). Jean-Bernard Cazalets rappelle que Ouest France est avant un média avec des valeurs : la démocratie, l’humanisme, la solidarité, le dialogue, la liberté de la presse et le pluralisme des idées. Et que faire le meilleur travail de journalisme est la meilleure façon de se défendre face aux attaques, sur les réseaux sociaux par exemple, ou face à l’IA.
L’ASPDH fonctionne avec un directoire d’une soixantaine de membres, choisis par cooptation. Samuel Etienne étant le prochain à l’intégrer. Le bureau est présidé par David Guiraud. À l’échelle européenne, le modèle du Guardian londonien est le plus proche de Ouest France. Jean-Bernard Cazalets précise que l’indépendance financière ne veut pas dire qu’il n’y a pas de publicité ou pas d’aides à la presse. La pub représente 20% des recettes du groupe. C’est elle qui permet que les abonnements restent accessibles pour un lectorat de presse populaire. Pour les aides à la presse de la part de l’état, elles financent le portage des abonnements papier du matin, soit 450 000.
Les adhérents présents ont ensuite posé plusieurs questions sur les réseaux sociaux, la gestion de crise et les ambitions du groupe.
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