Jeudi 3 décembre a eu lieu la journée de sensibilisation à l’Éducation aux médias et à l’information de la Seine-Martime, en live via Microsoft Teams. C’est le réseau Canopé qui était à l’initiative de cette 4ème journée soutenue par la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) de Normandie.
Idyll Bottois, conseillère pour le livre, la lecture, les archives et la langue française de la DRAC Normandie, a introduit cette journée avec un préambule, en mettant l’accent sur le fait que les professionnels concernés par cette journée (bibliothécaires, médiathécaires, enseignants…) avaient encore des difficultés à pratiquer l’EMI. Cette journée avait donc pour objectif de les éclairer et de leur proposer des solutions d’Éducation aux Médias et à l’Information.
La matinée a continué avec l’intervention de Tristan Nitot, fondateur de Mozilla Europe et ancien Directeur Général du moteur de recherche français Qwant, sur un sujet traitant des géants du net (GAFAM) et de leur participation à la désinformation. Que ce soit sur Google, Facebook, Twitter ou Youtube, notre fil d’actualité est dirigé par les algorithmes de ces géants d’internet. Nous sommes accros aux réseaux sociaux et les dirigeants de ces sociétés le savent. Ils vont trouver par tous les moyens de créer de la dopamine dans notre cerveau. Ce dernier, est un neurotransmetteur qui produira en nous du plaisir et nous rendra dépendant de ces réseaux. Mais ces entreprises vont utiliser nos données personnelles à des fins commerciales, elles vont montrer du contenus qui nous poussera à la consommation. Autre que les fins commerciales, elles vont utiliser nos données pour nous montrer ce que nous voulons voir. En prenant l’exemple de Facebook, Tristan Nitot accuse le réseau social de faire de la désinformation notamment en montrant des postes russes, sponsorisés lors de l’élection présidentielle de 2016 aux Etats Unis. En effet, la Russie a payé pour cibler un public bien particulier : les américains pro Trump. Sur Facebook, pour toucher des gens avec un contenu, il faut payer et décrire le profil de sa cible. Tristan Nitot veut lancer une alerte : faire attention à ce que ce schéma ne se reproduise pas dans nos élections de 2022. En effet, Facebook sait ce que ses utilisateurs commentent, likent, partagent. Toutes les personnes qui auront partagé, liké, commenté des postes sur les gilets jaunes, par exemple, pourraient être des cibles faciles. Des postes partageant leurs idées pourraient alors apparaître constamment dans leur fil d’actualité et jouer sur les élections françaises.
Ensuite, le premier retour d’expérience a été présenté. C’est Anaïs Leneutre, cheffe de projet Innovation numérique à la BNR de Rouen, qui a présenté son événement dédié à l’EMI, qui a eu lieu le 12 février 2020. La matinée était consacrée aux professionnels de la jeunesse. Trois ateliers ont été mis en place (“Le vrai du faux”, “Les circuits de la désinformation” et “La maltraitance médiatique”). Ces ateliers de 30 minutes ont eu un franc succès puisque les professionnels présents se sont ensuite mis à réfléchir aux initiatives qu’ils pouvaient mener en terme d’Éducation aux médias et à l’information. Il est aussi ressorti que les bibliothèques et médiathèques étaient très motivées pour se former à l’EMI. L’après-midi s’est déroulée à la bibliothèque Simone de Beauvoir, à Rouen. Les personnes présentes ont pu débattre sur l’Éducation aux médias et à l’information autour d’une table ronde.
Jessica Beaudouin, ancienne journaliste de Ouest France et maintenant enseignante nous a ensuite parlé de ses actions. Elle est intervenue dans des lycées de Normandie mais aussi au CEF (Centre Éducatif Fermé) de Saint Denis le Thiboult. Dans un premier temps, elle a fait un “état des lieux” avec les jeunes afin de savoir comment ils s’informent, qu’est-ce qu’un journaliste, quelle vision ont-ils des médias… Puis, ils ont créé, ensemble, un journal. Ce qui est finalement ressorti de ces interventions est que même si beaucoup d’entre eux sont des “gros consommateurs” d’informations, ils parviennent à rester très critiques.
Jeanne La Prairie, journaliste à Des Autres Possibles est venue nous parler de la mise en place d’un projet en bibliothèque pour des élèves. Le projet pour ces classes de CM1 et CM2 était de fabriquer un journal. Les élèves vont pouvoir découvrir le métier de journalistes, connaître l’écriture journalistique en écrivant leurs propres articles mais aussi s’initier à la photographie. Ce projet consiste à toucher au plus près la fabrique de l’info, de façon ludique et pédagogique. Le fait d’avoir réalisé son propre journal, de pouvoir repartir chez eux avec leur création, a rendu les élèves fiers.
La journée s’est poursuivie avec l’atelier “Décrypter l’info” de Freddy Arnould, Médiateur Ressources et Services – Numérique éducatif de l’Atelier Canopé 76. Lors de cette présentation, Freddy Arnould a partagé une carte mentale qui permet de bien s’informer. En effet, celle-ci contient tous les outils et ressources nécessaires à l’application de l’Éducation aux médias et à l’information, notamment :
- “La famille tout écran” et “Dans la tête de Juliette” du CLEMI
- La page web du CLEMI
- Les vidéos proposées par LUMNI
- Les pages Youtube (La Tronche en Biais, #Datagueule, le documentaire Hold-up et ses analyses…)
- Les ressources du réseau Canopé (Médiasphères et la Canothèque)
Freddy Arnould a également donné tous les outils nécessaires pour débusquer les fakes news (Les Décodeurs, Google reverse image search…).
Retrouvez l’ensemble des ressources pour bien s’informer sur la carte mentale.
La journée de sensibilisation à l’EMI en Seine-Maritime n’est pas finie ! Freddy Arnould ainsi que le Club de la Presse animeront, à nouveau, deux ateliers le jeudi 10 décembre prochain.
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