Jeudi 28 novembre, le Club recevait François Zimeray dans ses locaux devant une quarantaine d’adhérents. Vincent Lalire, administrateur du Club, responsable communication interne du Département Seine-Maritime, a animé les échangesn, centré autour des multiples vie de notre invité : l’élu local, le député européen, l’ambassadeur, et l’avocat.
François Zimeray a d’abord été élu maire de Petit-Quevilly, à 27 ans, en 1989, soutenu par Laurent Fabius. Maire, député, conseiller général, président de la communauté d’agglomération rouennaise (ex-Métropole Rouen Normandie), il a connu toutes les strates des mandats locaux. Comment voit-il l’évolution du territoire? S’il avoue ne pas connaître la Métropole d’aujourd’hui, il émet une réserve
sur sa taille, peut-être un peu trop grande, un peu trop vite. Il reste néanmoins fier des projets qui ont abouti et qui ont été lancé sous sa présidence : le Kindarena, l’orientation culturelle du Zénith, le tramway sur gazon, l’aménagement des quais, le 106, le port de plaisance, les maisons des forêts, la presqu’île Rollet… Tout cela contribue à une image positive du territoire. C’est pour cela que suite à l’incendie de l’usine Lubrizol, en tant que président de la Métropole, il exigerait une réparation au titre d’un préjudice d’image.
Après ses mandats locaux, François Zimeray a été élu député européen. A l’heure du Brexit, il avoue qu’il n’aurait jamais imaginé l’Europe si fragile face à ses crises (économie, migration, terrorisme…). L’Europe, de par son fonctionnement, se bat contre elle-même. Il y a une Europe mais pas d’européens. Son analyse ? Avoir encourager l’élargissement de l’Europe sans avoir encourager son approfondissement. S’il se sentait à sa place en tant que député européen, il n’a pas été reconduit par Laurent Fabius. C’est ainsi qu’il a pu amorcer sa vie d’ambassadeur.
En 2008, Bernard Kouchner entre au gouvernement de Nicolas Sarkozy. François Zimeray est contacté pour devenir ambassadeur des droits de l’Homme, attaché au ministère des affaires étrangères, au Quai d’Orsay. Il y restera 5 ans et travaillera avec plusieurs ministres sur des sujets aussi difficiles que les enfants soldats en Afrique, la lutte contre Kadyrov, la libération des Tamouls, la visite d’une prison du Liban au 6e sous-sol d’un parking, les enfants albinos d’Afrique (amputés par leur père), la lutte contre l’exploitation des enfants, l’effondrement du Rana Plaza au Bengladesh, la cour pénale internationale à La Haye… A la question de savoir si la diplomatie a été utile dans ces missions, il répond que la question est valable pour tous les aspects de la vie, pour tous et partout : il y a toujours une forme de frustration et d’impuissance. C’est le cas pour les pompiers, les urgences du CHU, les Ehpad… Il précise alors que le diplomate s’inscrit dans le temps de l’Histoire qui est long et très frustrant. Il regrette de ne pas avoir pu aller dans deux pays : la Tunisie et la Syrie. Il y était le « bienvenu » mais ce n’était jamais « le bon moment ».
En 2013, il devient ambassadeur de la France au Danemark. En vivant dans ce pays (où il a échappé à la mort suite à un attentat) qui prône le bonheur, la confiance, la bienveillance, il voit alors que la France est une société infantilisante, hiérarchique et dans le contrôle.
Depuis 2018, il reprend son activité d’avocat, ouvre un cabinet et recommence une activité professionnelle depuis zéro : trouver des affaires, des clients, contacter son réseau… Pourquoi un retour à son métier d’avocat ? Il dit qu’il n’a jamais cesser de plaider dans toute sa carrière politique ou diplomatique. Puis, à la suite d’un conflit d’intérêt, un avocat le sollicite pour défendre Carlos Ghosn sur ses conditions de détention. Il découvre alors un pays, le Japon, comme un pays où la justice y est rendue comme dans une dictature, où la dimension nationaliste voire xénophobe est très réelle. Devenir avocat des droits de l’homme s’est imposé à lui le 7 janvier 1979, date à laquelle il découvre, à 17 ans, le génocide cambodgien. Lui qui appartient à la génération du « plus jamais ça », est choqué. Il crée sa première association et part au Cambodge. Il estime que si l’universalité des droits de l’Homme était une évidence en 1945, elle recule aujourd’hui. François Zimeray croit au droit mais pas nécessairement en la justice. Le droit est écrit dans la loi. La justice conserve une part de subjectivité qui apporte de l’injustice dans les jugements. « Pour améliorer la Justice, il faut élever le Droit. »
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