Le Club a organisé le jeudi 28 avril à l’EM Normandie du Havre une projection en avant-première du documentaire « Syrie, des femmes dans la guerre », en présence de son réalisateur, Kamal Redouani, grand reporter et administrateur du Club. La projection a été introduite par Karine Soyer, responsable de l’agence Heureux qui communique et administratrice, et Isabelle Dalle, directrice du Campus havrais de l’EMN, qui nous accueillait. Puis ces dernières ont laissé la parole au réalisateur lui-même, qui, avec ce documentaire, a voulu « rendre la parole aux femmes qui l’ont perdue depuis dix ans ».
Ainsi durant 70 minutes, Kamal Redouani évoque le destin de 4 femmes : Marwa, Loubna, Khaïti et Mouna, qui ont vécu l’évolution de la guerre en Syrie, de 2011 à aujourd’hui. Appuyés par des images fortes, les témoignages racontent la vie quotidienne sous les bombardements, sous la répression violente des manifestations, et sous la famine causée par le siège d’Alep. Ce sont les histoires de femmes pour qui la liberté, le droit fondamental de la vie, est un rêve.
Après la diffusion du documentaire, Kamal Redouani a pu échanger avec le public au travers de multiples questions. Une portait sur les conditions des rencontres avec les quatre femmes du documentaire. Comme l’explique le réalisateur, celles-ci partent d’une volonté de retrouver les personnes ayant participé aux manifestations syriennes d’il y’a dix ans. C’est grâce à l’aide d’une auteure syrienne et de recherche dans des réseaux d’opposants que ces personnes ont pu être retrouvées pour témoigner. Et Kamal Redouani de préciser que le plus dur a été de convaincre ces femmes de témoigner sur leur histoire, à visage découvert.
Par la suite, Loubna, une des femmes du documentaire, était présente en visioconférence pour un moment d’échange et de questions avec le public. L’interview s’est fait en majeure partie en anglais, Loubna étant en asile politique en France, elle ne maitrise pas encore parfaitement notre langue. Avant que ne débute les questions à son intention, elle a d’abord remercié le public pour son accueil, et a rappelé que la situation dans son pays est toujours problématique. Elle a par la même occasion fait un parallèle avec la situation en Ukraine, en appelant également à la solidarité dans ce pays.
Voici une retranscription non-exhaustive des questions du public pour Loubna :
- La révolution a elle servie à quelque chose, puisqu’au final, il y’a eu peu d’évolution en dix ans ?
La révolution a accompli quelque chose, il y’a maintenant plus de réactions face au régime, ce n’est pas le seul pays concerné par cela. Toutefois, il y’a besoin d’une réelle aide internationale, et certains pays occidentaux on aidé le régime directement ou indirectement durant la guerre.
- Que peuvent faire les européens ?
Il faut une solution internationale et une peine pour les crimes de guerre de Bachar el-Assad. Il faut également aider les réfugiés, les refuser serait les envoyer vers la morts. Il y’a une enquête du Guardian qui explique très bien la situation.
- Quelle a été votre sensation lorsque vous avez vu le documentaire pour la première fois ?
J’ai pleuré, il y’a peu d’espoir pour l’évolution dans le pays, l’avenir est encore très sombre. C’était très douloureux à regarder, de voir les images. Il y’a eu une émotion énorme de toute l’équipe lorsque j’ai vu le film à Bayeux pour la première fois.
- Que deviendrait le pays si Bachar el-Assad était destitué ? L’espoir pourrait-il renaître ?
On ne sait pas si ça serait meilleur ou pire, mais on pourrait tenter d’introduire la démocratie. Le chemin de la démocratie est long, le meilleur viendra, aucune dictature ne dure indéfiniment.
- Avez-vous toujours des contacts avec des révolutionnaires en Syrie ?
Oui, quotidiennement avec une organisation révolutionnaire féminine qui travaille en Syrie, au Liban et en Turquie notamment.
Le documentaire a été diffusé sur France 5, dans Le monde en face, ce dimanche 1er mai. Il est disponible toute la semaine en replay.
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