Le mardi 2 juillet, à quelques jours des commémorations de la Libération de la Ville – 9 et 19 juillet-, l’Hôtel de Ville de Caen nous a ouvert ses portes pour échanger sur la thématique “Presse et Liberté”.

En amont de cette journée, le Club de la Presse et de la Communication de Normandie, dans le cadre des missions d’Éducation aux médias, avait organisé des ateliers thématiques sur le travail journalistique auprès de trois classes caennaises, de niveaux CM1 et CM2.

Ainsi entre mars et juillet, trois journalistes caennais, membres du Club, ont accompagné une soixantaine d’élèves. Dans l’école Les Vikings, une classe de CM1 a suivi trois ateliers avec Marylène Carre, journaliste à Grand Format. À l’école Fernand-Léger, une classe de CM1 a participé à cinq ateliers menés par Françoise Dajon-Lamare, éditrice des titres Liberté, La Renaissance, Le Pays d’Auge et L’Éveil de Lisieux et une classe de CM2 a été accompagnée lors de trois ateliers par Xavier Thoby, reporter journaliste chez Internep Ouest Info, correspondant pour TF1 et LCI.

La restitution de ces travaux avait lieu dans la très belle salle du réfectoire durant l’après-midi du 2 juillet.

Au micro de Jennifer Benoit, chargée de mission du Club à Caen, chacune des classes a ainsi pu venir présenter son travail, expliquer leur démarche, quel témoin ils avaient rencontré, quels a priori ils avaient sur le métier de journaliste, si ce costume avait été simple à endosser et si des vocations étaient nées.

Suite aux restitutions, trois propositions ont été faites aux élèves. Une classe de l’école Fernand-Léger a réalisé la dernière séance de son atelier journalistique avec Xavier Thoby, journaliste reporter d’images. Ils ont pu faire l’interview de Françoise Dajon-Lamare dans le cloître. Leur reportage télé sera à découvrir dans le courant de la rentrée.

Les deux autres classes ont alterné entre la visite de l’exposition “Joséphine Baker, libre et engagée”,  dans la salle du Scriptorium de l’Hôtel de Ville (jusqu’au 3 novembre prochain), et un atelier sur les “fake news” proposé par Aurélie Remond, déléguée générale du Club dans le réfectoire.

Pour clôturer cette journée, un débat ouvert à tout public a été organisé pour aborder “La Liberté à travers la création de médias normands en 1944”, animé par Joris Marin, journaliste à la Radio Sweet FM et membre du Conseil d’Administration du Club.

En ouverture, Patrick Nicolle, maire adjoint en charge de la culture et du patrimoine, a rappelé que “la liberté est d’autant plus importante aujourd’hui.”

En plateau, nous avions :

  • Françoise Dajon-Lamare, éditrice des titres Liberté, La Renaissance, Le Pays d’Auge et L’Éveil
  • Jean-Bernard Cazalets, rédacteur en chef délégué de Ouest-France
  • David Guévart, directeur général de Paris Normandie

Durant le débat, chacun des trois médias normands a rappelé les temps forts de cette époque :

  • Le premier journal de la France libérée : “La Renaissance – Le Bessin” puisque que Bayeux n’avait pas été détruite en 1944 et qu’il a été plus facile de recréer un journal à l’époque.
  • La première parution de Ouest-France le 4 août 1944 à Rennes, Jean-Bernard Cazalets a rappelé que “c’est le fruit des cendres d’un ancien journal Ouest-Éclair qui a collaboré à l’époque avec les Allemands. En 1939, s’était posée la question de conserver l’outil ou la mission du journal. Certains journalistes avaient décidé de collaborer et d’autres de démissionner pour rentrer en résistance.”
  • Paris Normandie est né lui aussi des cendres d’un autre médias “Le journal de Rouen”, ayant collaboré durant la Seconde Guerre mondiale et changé de nom par “Normandie”. Il sera publié pour la première fois le 1er septembre 1944. David Guévart a partagé l’anecdocte lisible sur la Une de l’époque : “Normandie parle français” puisqu’en 1944, la société française était abondée de mots allemands.”

Ensuite, chaque intervenant a présenté la Une de la première parution de leur titre en 1944, dans lesquelles nous pouvions lire des articles portants sur : le ravitaillement (chauffage, nourriture…), des avertissements sur les vols, la réouverture des lieux culturels (théâtre), l’appel à la main d’œuvre (reconstruction…), des arrestations de collaborateurs ainsi que des avis de recherche.

L’échange s’est ensuite élargi sur des explications de la Loi de 1881 sur la Liberté de la Presse, loi fondamentale qui régit encore la profession de nos jours. Comme après la guerre, celle-ci a toujours “un réel impact sur la responsabilité d’un média : le directeur est pénalement attaquable si l’information est diffamatoire par exemple”, a rappellé David Guévart de Paris Normandie et complété “Dans les journaux locaux, la ligne éditoriale est celle de la vérité où l’information est vérifiée et sans parti pris”.

En complément, Jean-Bernard Cazalets a indiqué “Ma liberté ne veut pas dire que je peux écrire n’importe quoi ! Nous avons une charte éthique comme tout journaliste d’un média indépendant.”

Le débat s’est terminé par le partage d’un cocktail offert par Saveurs de Normandie, partenaire du Club.

© Photos Manon Fauchet / Jennifer Benoit / Aurélie Remond