Le vendredi 4 avril 2025, l’Inspé de Mont-Saint-Aignan a accueilli une journée d’étude consacrée à la communication d’influence. Cet événement riche en interventions et en échanges, organisé par les élèves de la Licence pro chargé.e de communication de l’Université de Rouen et ISD Flaubert, a permis d’aborder les enjeux, pratiques et régulations liés à l’influence numérique sous différents angles : gestion, communication, droit.
Un accueil convivial et des propos introductifs engageants
Dès 8h30, les participants ont été accueillis autour d’un café et de viennoiseries. La journée a officiellement débuté à 9h avec les mots d’ouverture de Julia Lebailly, responsable pédagogique de l’ISD Flaubert et de Ghislain Chasme, responsable du Master MEEF Prodoc. Tous deux ont souligné l’importance croissante de la communication d’influence dans nos sociétés connectées tout en introduisant les thématiques clés qui allaient être explorées.
Regards croisés sur l’influence numérique
Trois intervenants universitaires ont ensuite partagé leurs expertises au cours d’une session plénière. Maîtresse de conférences en sciences de gestion, Caroline Mallet a ouvert la matinée avec une intervention sur le marketing d’influence, illustrée par une étude de cas sur les influenceuses fitness. Après avoir défini les notions clés et partagé des chiffres marquants (#fitness suivi par 500 millions de personnes, 50 000 influenceurs, 60 millions d’abonnés pour Tiboinshape et JujuFitcats sur Instagram), elle a exposé sa méthodologie (dont la netnographie) et analysé les stratégies numériques, la production quotidienne, la dynamique communautaire et la construction d’une légitimité nutritionnelle. Elle a également montré comment ces influenceuses deviennent parfois de véritables coachs de vie. Puis, Lucile Coquelin, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication, a analysé les évolutions de l’influence numérique à travers la gamification des usages sur les réseaux sociaux. Après un rappel sur la loi de 2023 encadrant l’influence commerciale, elle a présenté six tendances clés : marchandisation des contenus, usage stratégique de l’émotion, rôle central des communautés, pratiques technorituelles, exposition maîtrisée de l’intime, et mise en scène ludique du quotidien (« storyliving »). Pour conclure, Guilhem Julia, maître de conférences en droit privé, a apporté un éclairage juridique sur le marketing d’influence. Il a rappelé que la France compte environ 145 000 influenceurs, majoritairement issus de la génération Z, et que 60 % d’entre eux présentent des irrégularités selon la DGCCRF (2023). Il a ensuite commenté les avancées législatives récentes (loi de juin 2023, ordonnance de novembre 2024), qui renforcent l’encadrement de l’influence commerciale : transparence des intentions, régulation des images retouchées ou générées et protection accrue des consommateurs, notamment les plus jeunes.
Vers une image de marque responsable et durable grâce à la communication d’influence
Se tenant de 10h45 à 11h45 autour de la question : « Comment la communication d’influence peut-elle contribuer à la création d’une image de marque responsable et durable ? » cette table ronde a accueilli quatre intervenants aux profils complémentaires ont croisé leurs regards et expériences sur cette thématique au cœur des enjeux actuels.
La table ronde réunissait :
- Christine Dejou, spécialiste des relations presse ;
- Valériane Hardy, influenceuse rouennaise engagée ;
- Camille Roussée, fondatrice de l’association Femmes et Violences ;
- Arnaud Verrhasselt, responsable de la filière Transition énergétique & environnementale à la Caisse régionale Normandie du Crédit Agricole.
Valériane Hardy a insisté sur le respect des normes et la cohérence entre discours et actions pour éviter le greenwashing. Elle veille à la crédibilité des marques avec lesquelles elle collabore, misant sur la transparence, la confiance et l’engagement réel, comme le soutien à des actions concrètes (ex. reforestation). Elle note aussi une prise de conscience croissante des influenceurs quant à leur responsabilité. Arnaud Verrhasselt (Crédit Agricole Normandie) a évoqué le décalage entre les actions RSE et leur perception, appelant à une communication plus claire, modérée et en lien avec les acteurs locaux. Les échanges ont souligné la distinction entre influenceurs, axés sur la proximité avec leur audience, et communicants, contraints par des logiques institutionnelles. Tous ont convergé vers une idée centrale : une influence efficace doit être sincère, transparente, ancrée dans des actions concrètes et porteuse de sens.
Mini-conférences : regards croisés sur l’influence contemporaine
L’après-midi de cette journée d’étude a été marquée par une série de mini-conférences, de 13h30 à 16h00. Trois professionnels sont venus partager leurs expertises.
- Jimmy Hassa, consultant en influence,
- Marie Corblin, responsable Influence et RSE chez Ferrero,
- Stéphanie Blaise, représentante de la Caisse d’Épargne.
Tous ont apporté des éclairages précieux sur les logiques actuelles du marketing d’influence, ses mutations, ses enjeux stratégiques et ses limites.
Jimmy Hassa a ouvert la séquence avec un retour historique sur les origines de l’influence moderne. Celle-ci prend racine dans les années 2000, à l’ère des blogs personnels. Des passionnés – de mode, de beauté ou de technologie fédèrent alors de premières communautés engagées. Des figures comme Chiara Ferragni, fondatrice du blog The Blonde Salad en 2009, deviennent les premières égéries d’un modèle naissant. Rapidement, les marques perçoivent l’opportunité : les premiers partenariats se développent, les agences spécialisées se multiplient et l’influence devient une véritable stratégie de communication à part entière.
L’influence marketing ne s’improvise plus : elle s’intègre désormais dans la stratégie globale de l’entreprise, comme l’a souligné Marie Corblin. Elle doit correspondre à plusieurs critères clés :
- L’alignement avec la cible (valeurs, comportements d’achat),
- Le canal d’acquisition (le choix du bon influenceur ou du bon réseau),
- L’investissement publicitaire que cela implique.
L’influence, même organique, représente un coût non négligeable pour les marques, notamment en dehors des contenus générés par les utilisateurs (UGC) qui échappent à leur contrôle direct. Par conséquent, le recours à l’influence doit être mûrement réfléchi, en lien avec les objectifs commerciaux et les contraintes budgétaires.
Marie Corblin, chez Ferrero, a particulièrement insisté sur le lien croissant entre influence et responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Dans un contexte où les consommateurs sont de plus en plus attentifs à l’éthique des marques et à la sincérité de leurs actions, les campagnes d’influence doivent désormais véhiculer des valeurs cohérentes, mesurables et authentiques. Cela implique un choix rigoureux des influenceurs et une transparence accrue dans les messages diffusés.
Limites et freins à l’influence marketing
Stéphanie Blaise, représentant la Caisse d’Épargne, a conclu cette session en soulevant les freins encore présents chez certaines entreprises vis-à-vis de l’influence marketing. Parmi les raisons évoquées pour ne pas recourir à ces campagnes :
- Le manque de moyens ou de temps pour mettre en place une stratégie efficace,
- La crainte d’un manque de contrôle sur les messages diffusés,
- Une méconnaissance du marché de l’influence,
- Ou encore la peur des dérives, dans un environnement numérique en constante mutation.
Un écosystème en mutation constante
Ces mini-conférences ont permis de mettre en lumière la complexité croissante de l’influence marketing en 2024. Si elle représente une formidable opportunité pour les marques, elle nécessite une expertise, une stratégie claire et un ancrage fort dans les valeurs de l’entreprise. Plus que jamais, l’influence ne peut être un simple outil : elle est une responsabilité.
Clôture dynamique et participative : un quiz interactif pour finir la journée
La journée d’étude sur la communication d’influence, organisée à l’INSPE de Mont-Saint-Aignan le vendredi 4 avril 2025, s’est conclue de manière ludique et interactive. De 16h à 16h30, les derniers étudiants présents dans l’amphithéâtre ont été invités à participer à un quiz en direct via l’application Wooclap, une innovation qui a largement contribué à dynamiser cette édition 2025.
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