Le Club recevait, mardi 30 janvier, la nouvelle rédaction en chef de 76Actu devant une trentaine d’adhérents. Julien Bouteiller, rédacteur en chef, et Thomas Rideau, chef adjoint, se sont prêtés au jeu de l’interview par Vincent Lalire, administrateur du Club.
76Actu est le premier pureplayer créé par le groupe Publihebdos en 2012. 12 ans plus tard, ce rendez-vous est l’occasion de faire le point sur l’équipe, la ligne éditoriale du média, son organisation, sa liberté et le modèle économique.
Actuellement, 76Actu compte une dizaine de journalistes, répartis sur Rouen et Le Havre, dont les journalistes de Côté Rouen et Le Havre Infos. La conférence de rédaction a lieu une fois par semaine le mardi à Rouen et le lundi ou mardi au Havre. C’est le moment de réfléchir aux sujets d’importance qui seront à traiter dans la semaine. Pour les sujets courants, dépendants de l’actualité ou du flux d’informations, les journalistes échangent en permanence pour les rédiger. Il n’y a pas de priorité entre le web et les hebdomadaires gratuits. 76Actu s’est développé sur le traitement des faits divers (incendie du Pont Mathilde, blocage des forains…). Si cela est toujours présent dans la ligne éditoriale, le média s’est beaucoup orienté vers les préoccupations de la vie quotidienne (ouverture de commerce, circulation) et les portraits.
Les équipes sont opérationnelles de 6h à 21h, avec des permanences le week-end. Avec 10 journalistes, il est parfois difficile de couvrir tout le département. La côte et le Pays de Caux restent des territoires où le pureplayer est peu présent, contrairement au Courier Cauchois.
Le modèle économique a soulevé plusieurs questions : le média est financé par les publicités du groupe. Le web représente 30% du chiffre d’affaires de Publihebdos. Des tests sont en cours sur un paywall, pour réserver certains articles des journaux payants, uniquement aux abonnés. L’expérience est en cours pour La Presse de la Manche. Pour attirer les lecteurs, le média parie beaucoup sur sa présence sur les réseaux sociaux, où se trouvent près de 30% de leur lectorat. Au milieu de tout cela, l’équipe possède une très grande liberté éditoriale. Ses priorités sont de parler de l’actualité locale et de maintenir les objectifs d’audience.
Concernant ce dernier point, les lecteurs de 76Actu apprécient particulièrement la météo et les ouvertures de commerce. Et parmi la dizaine d’articles publiés chaque jour, certains créent la surprise : l’immobilier, les escroqueries, les soirées pour célibataires, et certains articles “feel good”. Le public 76Actu aime aussi beaucoup échanger avec les journalistes, par le biais des réseaux sociaux notamment. Ce lien privilégié facilite aussi les rencontres pour plus d’investigation. Les journalistes sont ravis de ce temps précieux dédié à la recherche d’information.
Nos invités ont conclu ce moment en faisant part de leurs grands moments de journalistes. Thomas Rideau a évoqué ses trois mois d’enquête sur la députée de Seine-Maritime, Sira Sylla. Et de sa fierté lors de la mise en ligne de l’article dénonçant ses méthodes de travail.
Quant à Julien Bouteiller, le choix a été plus difficile : l’attentat à Saint-Etienne-du-Rouvray, où se retrouve tous les médias nationaux, sur le territoire où il a grandi ; les gilets jaunes, où le métier de journaliste a été mis à l’épreuve ; l’incendie du Cuba Libre. Il regrette de ne pas avoir été à Rouen au moment de Lubrizol (il était alors à Lille Actu).
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