Immédiatement après l’enlèvement en Syrie, le 6 juin, du grand reporter d’Europe 1 Didier François et du photographe Edouard Elias, le président François Hollande exigeait leur « libération immédiate ». Rapidement, il a reçu les familles. Cette détermination affichée tranche avec les réactions officielles qui avaient suivi la précédente prise d’otages de journalistes en Afghanistan. Un comité de soutien s’est constitué dès juillet et on a vu se développer une mobilisation à travers le pays.
Pourtant, plus de quatre mois plus tard, on demeure sans nouvelles des journalistes. Sauf qu’ils seraient détenus par un groupe rebelle. Et on apprend même que deux autres confrères, Nicolas Hénin, journaliste pour Le Point et Arte et Pierre Torres, photographe indépendant, sont également détenus depuis juin. Cela n’est pas de nature à nous rassurer quand on écoute et quand on lit les récits du journaliste italien Domenico Quirico et de l’historien belge Pierre Piccinin libérés le 8 septembre après cinq mois de détention. Ils étaient aux mains d’un groupe islamiste auquel les avaient remis les membres de l’Armée syrienne libre (ASL) qui les accompagnait.
Les tortures physiques et morales, dont des simulacres d’exécution, le dépouillement, les humiliations, l’isolement, rien ne leur a été épargné. « Pendant cinq mois, ma vie m’a été dérobée », raconte Domenico Quirico. Pour leurs geôliers, seule la valeur marchande des otages importait.
Ces témoignages sur la réalité des preneurs d’otages et des conditions de détention doivent nous convaincre, ici, de la nécessité de renforcer notre mobilisation et de multiplier les initiatives pour réclamer le retour de Didier François, d’Edouard Elias, de Nicolas Hénin et de Pierre Torres. Ceux-ci ont été enlevés alors qu’ils assuraient leur métier. Ils ne sont pas les seuls. On ne répétera jamais assez qu’il est de notre devoir de dénoncer de tels actes. On ne répétera jamais assez que nos initiatives et les cris de protestations que nous poussons ici ont toutes les chances d’être entendus par les otages.
Il faut briser le silence, il faut leur faire parvenir les marques de notre soutien et de notre solidarité, il faut les aider à ne pas perdre la notion du temps afin, comme l’écrit si bien Domenico Quirico, qu’ils « ne sombrent pas dans un puits d’où l’on ne ressort pas ». Il y a urgence.
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